Tournée Bretagne octobre 2017
Lucien ouvre la pièce « Un si bel automne ». D’invisibles, mais bruyants copains d’atelier fêtent son départ à la retraite, sans voir que le Lucien, lui, se sent « flasque comme un sac vide ». Suivent le couple d’anciens agriculteurs Nicole et Rolland, qui dépriment et qui s’aiment mal, dans leur maison du bourg. Ils ont dû quitter la ferme pour ne pas s’engueuler avec leur fils, « un gars bien qui a repris la terre, mais qui fait à sa façon »… Et il y a surtout Jacques Salin qui vient d’enterrer son chien, « le seul qui m’avait empêché de venir te rejoindre, Maria, quand tu es morte il y a deux ans ». Au facteur, qu’il n’a pas voulu faire entrer chez lui et qui lui lance « à demain ! », Jacques répond entre ses dents « compte là-dessus, va… »
Au fur et à mesure de la pièce, on découvre l’isolement, le repli sur soi, la peur de la perte d’autonomie, la besoin naissant d’user d’une canne, ou encore ces enfants, pourtant de vieux « quadra », qui dénient à leur veuf de père ou leur veuve de mère le droit à une nouvelle vie affective et sexuelle.
La voix d’un sexagénaire se noie dans un sanglot : « C’est mon histoire qu’ils ont écrite et qu’ils ont jouée. Enfin… la mienne et celle de plein d’autres qui sont ici. »
A côté, une dame tout sourire ajoute : « Oui, oui, leur pièce, c’est tout à fait la vie. »
Extraits d’un article de Patrick Angevin – Ouest France – 19/02/03